Jean Tirole, récompensé hier par le prix Nobel d’économie*, ne fait pas de politique : « Il ne veut pas parce qu’il veut avoir l’esprit tranquille pour mener ses recherches », affirme son collègue, disciple et ami Philippe Aghion, interrogé ce matin dans Ouest-France par ma collègue Carine Janin.
Pas de politique ? Politique, ce prix Nobel l’est pourtant, et même éminemment !
Il récompense le chercheur toulousain pour ses travaux destinés à « dompter les grands groupes puissants » dans les domaines de l’électricité, des télécoms, des chemins de fer...
Tirole, tout sauf déconnecté du réel, n’est pas l’ennemi des « forces du marché » : il souhaite des entreprises efficaces ; mais il veut en même temps les empêcher de« faire du tort à leurs concurrents et aux consommateurs », souligne le comité Nobel.
Ce pragmatique met au point des muselières pour empêcher les géants de mordre.
Symboliquement, le choix du Comité Nobel vaut satisfecit aux pouvoirs politiques, à Washington ou à Bruxelles, au moment où ils s’attaquent aux comportements voraces et hégémoniques des Google, Amazon, et autres Gazprom.
*de son vrai nom le Prix de la Sveriges Riskbank en mémoire d'Alfred Nobel.